Il y a trois ans, pour Joël C., la métropole n’était encore qu’un point sur une carte. Ce jeune martiniquais venait juste de rejoindre le régiment du SMA de Martinique, lassé de ne pas trouver d’emploi avec son BEP « Réalisation d'ouvrages chaudronnés et de structures métalliques». Aujourd’hui, à Calais, il participe aux actions de lutte contre l’immigration clandestine dans le cadre des accords du Touquet.
Au RSMA de Martinique, il change de vie
« A 23 ans, je n’avais plus envie de chercher un boulot dans mon domaine d’étude. Du coup, les possibilités étaient faibles. Heureusement, j’ai été retenu pour m’engager au RSMA comme volontaire stagiaire ; j’ai suivi une formation d’Agent de prévention sécurité au sein de la 1° compagnie de formation professionnelle», explique Joël. « Plus que les savoirs techniques, j’ai appris l’autonomie, l’indépendance. Etre plus responsable. A pas faire n’importe quoi, respecter les autres pour mieux me respecter moi-même. Et puis l’esprit d’équipe. Faire tout ensemble, veiller les uns sur les autres. Des tas de choses nouvelles, qui m’ont fait prendre confiance en moi. Puis, l’encadrement a proposé ma candidature pour un poste en métropole dans le secteur de la sureté portuaire. Ca me plaisait bien. J’ai été retenu. Un jour et demi, après la fin de ma formation, j’étais à Dunkerque », se souvient-il en souriant.
Des partenariats qui facilitent l’insertion
Recruté par Eamus Cork, société spécialisée dans la sécurité portuaire et ayant un contrat de sous-traitance pour le ministère de l’immigration britannique, Joël a bénéficié des liens entretenus avec LADOM, opérateur de mobilité outre-mer, pour faciliter son arrivée en métropole, notamment l’hébergement au sein d’un foyer de jeunes travailleurs. Avec l’argent qu’il avait économisé lorsqu'il était au RSMA de la Martinique (il était en internat complet sous statut militaire), il a pu se concentrer pleinement sur sa formation tout d’abord d’adaptation pendant une semaine, puis d’un mois en vue de devenir Agent de surveillance privée. A l’issue, il a signé un contrat professionnel de 6 mois, durant lequel il est devenu agent de sécurité incendie et d'assistance a personnes (SSIAP1).
Calais, 3000 véhicules par jour. Une exigence de chaque instant.
Désormais, Joël fait partie d’une équipe de 3 en tant que « Authorised search officer » (agent assermenté de recherche). Concrètement, dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine et des prérogatives étendues par les accords du Touquet, il encadre avec un autre agent français un binôme cynophile britannique. « Chaque mois, ce sont plus de 500 incidents qui sont recensés », précise Joël Rosé, directeur d'exploitation chez Eamus Cork. « A Calais, nous avons un trafic quotidien de quelques 3500 véhicules. Aussi, les qualités humaines de nos équipiers sont primordiales. Nous avons un pacte de confiance avec eux. Quand la candidature de Joël s’est présentée, nous savions qu’il avait les bases socioprofessionnelles pour nous rejoindre : tenue, bon comportement, respect des procédures, ponctualité. Durant sa formation, sa belle motivation lui a permis d’obtenir de bons résultats. Son comportement, sa gentillesse, sa discrétion et sa disponibilité font de lui un équipier sur lequel on peut compter.»
Le métier d’agent de sureté portuaire est particulièrement exigeant et nécessite de fortes ressources morales : « Le SMA m’y a préparé, s’adapter aux autres pour procéder avec calme, être patient dans certaines situations et savoir gérer son stress, notamment quand vous découvrez des enfants dans un camion frigorifique », énumère le jeune martiniquais.
Légende photo : de gauche à droite : Joël Rosé (directeur d’exploitation d’EAMUS CORK SOLUTIONS),
Joël C. (agent de sureté portuaire) et Adjudant-chef Alfred Betschen (cellule Accompagnement-Mobilité au SMA).
Pour l’adjudant-chef BETSCHEN, en charge au SMA du suivi mobilité en métropole, « Joël est un cas de mobilité réussie parce qu’on lui a proposé un parcours adapté à ce qu’il est et ce qu’il pouvait faire. Nos partenariats nous ont permis de sécuriser au mieux la « mise à l’étrier ». Mais la clef, c’est surtout lui. Parce qu’il avait la motivation d’y arriver et qu’il n’a pas lâché. »
Aujourd’hui, deux ans après son arrivée sur la Côte d’Opale, Joël va épouser en juin une calaisienne, avec laquelle il a eu des jumelles. Pour la plus grande joie de sa famille qui les rejoindra en provenance de Paris et de la Martinique.
Crédit photos : © SMA/POPS/Com fév.2014